Trouble oppositionnel avec provocation

Le trouble oppositionnel avec provocation se retrouve dans le manuel diagnostique des troubles mentaux (DSM-V), sous le chapitre des « troubles disruptifs du contrôle des impulsions et des conduites ». Ces derniers, souvent appelés « problèmes de comportements » dans le langage familier, peuvent être caractérisés par des difficultés du contrôle des émotions et des comportements chez le sujet. Il s’agit d’un trouble dit psychiatrique bien que celui-ci ait une origine organique. Les premiers symptômes tendent à apparaître généralement à l’âge préscolaire et rarement à l’adolescence. Voici des exemples de symptômes observés :

  • Humeur colérique et/ ou irritable :
    • Fréquemment en colère.
    • Fréquemment fâché ou plein de ressentiment.
    • Fréquemment susceptible ou facilement agacé par autrui.
  • Comportements de querelle et de provocation :
    • Conteste fréquemment les individus en position d’autorité (inclus les parents).
    • Embête fréquemment les autres intentionnellement.
    • Opposition active ou refus fréquents de se souscrire aux règles et demandes des individus en position d’autorité.
    • Repose fréquemment la responsabilité de ses mauvais agissements sur autrui.
    • Un esprit vindicatif

Il est à noter que la fréquence des symptômes et leurs répercussions dans les différentes sphères quotidiennes de la vie de l’individu (scolaire, familiale, sociale, professionnelle) sont à prendre en considération afin de statuer sur la notion de « trouble ». En effet, pour recevoir le diagnostic d’un trouble oppositionnel avec provocation, celui-ci doit occasionner une détresse à l’individu ou à des membres de son entourage et doit perturber son fonctionnement social, scolaire, professionnel, familial et autres.

Il est également à noter que le trouble oppositionnel avec provocation ne doit pas être causé par un trouble psychotique, un trouble de l’usage d’une substance, un trouble dépressif ou un trouble bipolaire, bien que ceux-ci puissent aussi engendrer des symptômes qui caractérisent le trouble oppositionnel avec provocation.

Normalité vs Trouble

Avant de souscrire à la possibilité d’un diagnostic de trouble oppositionnel avec provocation, il est nécessaire de spécifier que l’opposition constitue une période normale de la petite enfance. En effet, l’enfant, vers de 2-3 ans, tend à s’opposer aux demandes de ses parents dans le but de s’affirmer, et cela, jusqu’à ce que ceux-ci reconnaissent son autonomie. Néanmoins, si cette phase perdure au-delà de l’âge de 4 ans, il devient nécessaire d’intervenir puisque l’enfant pourrait évoluer vers un trouble des conduites qui s’apparente davantage à une délinquance.

Il est également « normal » pour un enfant de présenter des manifestations émotives et comportementales en réaction à certaines situations vécues dans son quotidien. La colère et l’opposition manifestées peuvent camoufler de l’insécurité, du stress, de la peur, du découragement, de la fatigue, un manque d’affection ou d’attention, une crainte face à une situation nouvelle, etc. Il est donc important de chercher à comprendre le message qui se cache derrière le comportement de l’enfant. En effet, les émotions sont souvent complexes à gérer pour l’enfant, celui-ci ayant moins d’expériences de vie que l’adulte. Il peut donc se montrer maladroit dans la gestion de ses émotions et adopter des comportements désagréables. En réalité, il a simplement besoin d’être entendu dans sa demande d’aide.

Toutefois, si ces attitudes deviennent quotidiennes, affectent le fonctionnement général de l’enfant et que les symptômes augmentent en matière d’intensité, de fréquence et d’envahissement, il devient alors nécessaire de prendre certaines dispositions afin que l’enfant soit pris en charge par les bons spécialistes.

Opposition secondaire à une problématique en neuropsychologie

L’opposition peut aussi être secondaire à une problématique neuropsychologie telle que le trouble du spectre de l’autisme, le trouble développemental du langage (dysphasie), le trouble développemental de la coordination (dyspraxie), les troubles d’apprentissage, le TDAH et le syndrome de Gilles-de-la-Tourette. Par conséquent, le rôle du neuropsychologue, en ce qui a trait à l’opposition, est de déterminer le bon diagnostic ainsi que la cause sous-jacente des comportements de l’enfant.

En ce qui concerne le syndrome de Gilles-de-la-Tourette et le trouble du spectre de l’autisme, ceux-ci peuvent être responsables du comportement d’opposition de l’enfant. En effet, puisque les individus qui manifestent l’un de ces troubles ne possèdent pas toujours les ressources neurologiques nécessaires qui leur permettent de bien contrôler leur impulsivité, ils peuvent réagir par des crises de colère explosives lorsqu’ils vivent de petites frustrations. En ce qui concerne plus précisément le trouble du spectre de l’autisme, il est fréquent que l’individu ne réponde pas lorsque l’on mentionne son prénom. Cet élément peut être considéré à tort comme un acte d’opposition par les parents. L’individu peut aussi vivre de nombreux moments de frustration au quotidien dont les causes peuvent être difficiles à déterminer. De plus, étant donné que l’enfant autisme tolère mal les sorties, la nouveauté et le bruit, les colères qui surviennent en réaction à ces éléments pourraient être considérés, à tort, comme un critère du trouble oppositionnel avec provocation. En ce qui concerne le syndrome de Gilles-de-la-Tourette, d’autres manifestations, souvent associées au trouble oppositionnel avec provocation, telles qu’une hyperactivité, une agressivité et des crises explosives l’amènent à être comorbide dans plusieurs cas.

En ce qui concerne le TDAH, certaines manifestations d’inattention, d’impulsivité ou d’hyperactivité peuvent être interprétés à tort comme de l’opposition par les individus de l’entourage. Par exemple, l’enfant ne se met pas à la tâche lorsque cela est demandé; il se lève en classe ou dans d’autres situations où il est supposé rester assis; il court ou grimpe dans des situations où cela est inapproprié; il a du mal à se tenir tranquille dans les jeux ou activités ou à attendre son tour; il a de la difficulté à contrôler ses gestes et ses paroles en situation de stress, ce qui peut le conduire à agir de manière arrogante et parfois agressive; il peut mal tolérer la frustration qui provient de l’imposition de certaines consignes et peut manifester des sauts d’humeur. Il est donc important d’être vigilant avant de conclure à un trouble oppositionnel avec provocation dans un tel contexte et de procéder à une évaluation exhaustive.

L’opposition et les sauts de colère peuvent également survenir chez un enfant qui est aux prises avec un trouble d’apprentissage. Par exemple, lorsque vient le moment de faire les devoirs, l’enfant peut se montrer très opposant s’il manifeste des difficultés. Celui-ci peut également se mettre en colère lorsqu’il ne réussit pas de manière efficiente. Si l’enfant se montre opposant seulement dans les contextes d’apprentissage, les manifestations ne sont pas nécessairement suffisantes pour parler d’un trouble oppositionnel avec provocation. Il pourrait s’agir d’une opposition conséquente à un trouble d’apprentissage.

Pour terminer, un trouble oppositionnel avec provocation pourrait souvent être diagnostiqué à tort chez les enfants qui ont une douance afin d’expliquer une certaine inadéquation dans leur environnement.

Afin de rendre plus concret le diagnostic de trouble d’opposition avec provocation, voici l’histoire de Jade.

Histoire de cas

Les parents de Jade, fillette âgée de 10 ans, se présentent à nos bureaux afin de mieux comprendre la situation de leur enfant. En effet, ces derniers ne la reconnaissent plus depuis presque un an puisqu’elle leur désobéit de plus en plus et qu’elle ne tient plus en place à l’école. Plusieurs comportements et événements survenus dans la dernière année inquiètent les parents et l’enseignant. Par exemple, il y a deux semaines, Jade fut prise en train de grimper dans les arbres alors que ses parents lui avaient fréquemment déconseillé de le faire pour sa sécurité, ce qui lui a occasionné une entorse au poignet conséquemment à une vilaine chute. Par ailleurs, Jade répond souvent de manière impolie à ses parents lorsqu’ils l’empêchent de faire quelque chose ou qu’ils la réprimandent. Ses excès de colère, de plus en plus fréquents, inquiètent particulièrement sa mère qui ne la reconnait plus.

À l’école, c’est de plus en plus difficile. Jade n’aime pas son nouveau professeur. Elle mentionne qu’il est incompétent et qu’il ne devrait pas lui enseigner. Elle refuse souvent de faire ce qu’il lui demande. Elle réplique et s’oppose lorsqu’on la sollicite à faire quelque chose et se justifie par de multiples raisons lorsqu’on lui demande la raison de ses refus. Jade insulte souvent les professeurs et se fâche fréquemment pour un rien. Dans la cour de récréation, la jeune fille crie des noms aux autres enfants et se fâche souvent lorsqu’elle ne parvient pas à obtenir ce qu’elle désire. De plus, ses amies l’agacent facilement, ce qui crée plusieurs tensions entre elles. Malgré son humeur plus colérique, Jade a su conserver ses bons résultats scolaires.

À la maison, l’heure du coucher est de plus en plus pénible pour les parents. Son attitude les exaspère puisqu’ils ne parviennent jamais à mettre Jade au lit à l’heure convenue. Elle refuse souvent de faire sa routine et de se brosser les dents avant le coucher. À maintes reprises, lorsque ses parents viennent lui mentionner qu’il est le temps d’aller au lit, Jade se met en colère et leur fait part de son refus. Elle descend alors les escaliers et va ouvrir la télévision, ce qui met ses parents en colère. Ces derniers, ne sachant plus quoi faire, cèdent souvent et la laissent se coucher quand elle le désire ce qui a pour conséquence de renforcer ces comportements d’opposition et de provocation. En dehors de la routine du soir, les comportements de Jade sont très variables. À certains moments, elle se montre provocante, insulte ses parents, et il faut lui répéter plusieurs fois de faire les choses avant qu’elle s’y mette. À d’autres moments, Jade est un ange. Elle propose son aide et donne l’exemple à ses petites sœurs jumelles.

Jade se querelle souvent et embête les autres enfants bien qu’elle mentionne que ce n’est jamais sa faute. Par exemple, il y a un mois, elle a fait tomber un petit garçon et l’a insulté. La mère de cet enfant a dû porter plainte à l’enseignant, ce qui a occasionné une retenue à Jade. Elle échange des coups de temps en temps bien que ce ne soit jamais une bagarre sérieuse. Les autres enfants et son enseignant décrivent l’enfant comme étant irritable, même si elle semble contente d’être à l’école. Elle aurait aussi mauvais caractère. Ces comportements auraient toujours été présents mais à un degré beaucoup plus léger. Ils se seraient toutefois intensifiés de manière importante lors de la dernière année.

Dans l’histoire de Jade, plusieurs éléments pourraient laisser présager un trouble oppositionnel avec provocation. Toutefois, avant de statuer formellement sur un tel diagnostic, une évaluation neuropsychologique ou psychoaffective pourrait être envisagée afin d’écarter une problématique sous-jacente et mieux comprendre l’intensification des symptômes depuis la dernière année.

Si vous reconnaissez votre enfant dans l’histoire de Jade ou que vous le reconnaissez dans plusieurs symptômes du trouble oppositionnel avec provocation, n’hésitez pas à en parler avec un professionnel de la santé. Une évaluation neuropsychologique ou psychoaffective pourra répondre à vos interrogations et mettre en lumière la cause des difficultés de votre enfant, qu’il s’agisse d’un trouble oppositionnel avec provocation ou d’une opposition secondaire à autre problématique neuropsychologique ou psychoaffective.

Nous desservons une clientèle allant de l’enfance à l’adulte.

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